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Contretemps.
3 juillet 2007

A celui qui comprendra.

Je termine ce que j'avais commencé ailleurs, pour toi, pour lui, pour moi un peu aussi...

Un au revoir n’est jamais un Adieu.

        Ce matin le vent se lève, le pollen vole, les jupes frémissent, le monde vit ce jour d’avril comme s’il l’avait déjà vécu.
 La porte claque. Je n’ai pas eu le temps de la rattraper. Tant pis. Le vrombissement assourdissant de la rue me donne mal à la tête. Je mets des écouteurs dans mes oreilles.
 Des talons claquent sur le carrelage. Une femme court, visiblement en retard. Elle prend dans sa main un pan de sa robe, son sac vacille et glisse de son épaule à son coude, elle tourne la tête, continue de courir. Soudain elle s’arrête. Avec elle le temps fait une pause. Elle reprend son souffle. Elle pousse la porte de toutes ses forces, sort de l’immeuble. Un soleil de plomb l’aveugle.
 J’hésite. J’attends sur le trottoir. A ma droite, une ruelle. A ma gauche, un pont. En face de moi, un bâtiment. Derrière, la rue et ses voitures toutes plus rapides les unes que les autres, pressées, toujours pressées, tellement pressées. Je fais un pas en avant vers le bâtiment.
 Un téléphone sonne dans le bus, et tout le monde se regarde. Chacun veut savoir qui est appelé, et vérifier si ce n’est pas son téléphone qui sonne. Finalement c’est un jeune homme qui décroche. Il est discret, et une femme, en face de lui, en est reconnaissante. Il raccroche rapidement. Ses yeux s’embrument. Il appuie sur le bouton rouge pour alerter le chauffeur. Il veut descendre au prochain arrêt. Descendu, il s’assoit sur le banc de l’arrêt de bus, reprend ses esprits. Une femme qui court passe à côté de lui. Distrait, il dit un peu trop fort qu’elle n’a pas la bonne tenue pour rattraper un bus. Elle a entendu, et ne manque pas de lui rappeler qu’elle est au courant de ce détail défavorable. Enervée, elle s’assoit également.
 Je suis entrée. Les murs sont blancs et froids. Un grand escalier se dresse devant moi. Je sens un nœud dans mon ventre. Ce n’était pas une bonne idée. La concierge m’appelle, désirant savoir ce que je cherche là, en plein milieu du hall. Je lui dis que je me suis trompée, et ressors. Un bus passe dans la rue.
 Le jeune homme la félicite de son courage pour avoir couru malgré tout. Elle lui explique qu’elle devait tenter le tout pour le tout, et que maintenant elle sera en retard pour son rendez-vous.
 Je monte dans le bus, quasiment vide. Au bout de quelques arrêts, un jeune homme et une jeune femme montent. Elle s’assoit, il reste debout, près d’elle. Elle râle un peu, ça le fait rire, mais il se contente de la rassurer, elle ne sera pas trop en retard, et elle a prévenu juste avant de monter dans le bus, elle n’aura pas de problème. Et c’est là qu’elle lui apprend que c’est un rendez-vous médical, très important. Le jeune homme pâlit. En quelques secondes, il fond en larmes. Elle s’inquiète, l’interroge. Il dit que sa mère l’a appelé peu de temps avant, pour lui apprendre que sa sœur a eu un très grave accident, elle est dans le coma et les médecins ignorent si elle en sortira, et si oui, dans combien de temps. La jeune femme le prend dans ses bras. Il résiste puis se laisse faire. Un triste sourire s’affiche sur son visage.
                        « Quand vous êtes arrivée à l’arrêt, toute râleuse, j’ai oublié ce coup de fil. Vous m’avez tiré de mes pensées. Et grâce à vous, je suis de nouveau sur le bon chemin pour l’hôpital alors que le choc m’avait mis KO. Je crois que je dois vous dire merci. »
 Quand j’ai entendu le jeune homme, mon cœur s’est certainement arrêté de battre. Sœur. Accident. Coma. Nous allons tous les trois au même endroit, et lui et moi, nous demanderons le même nom à l’accueil du service des urgences.
 Le parking de l’hôpital est quasiment plein, et quand le bus nous dépose à côté, ce ne sont pas moins de cinq voitures qui bataillent pour trouver une place pour se garer. Le jeune homme me regarde. Je l’ai reconnu avant lui, et ce n’est que quand il a lu dans mes yeux la même tristesse qu’il a compris.
 La jeune femme se dirige directement vers l’hôpital, courant presque, alors que lui et moi restons comme tétanisés. Il est le premier à reprendre ses esprits. Il me prend le bras, et m’entraîne dans l’hôpital. Pourtant, c’est moi qui demande le nom à l’accueil.
                 Nous avons recommencé cette opération plusieurs fois, ensemble ou chacun de notre côté. Un jour, nous avons inversés nos rôles. Je suis allée le chercher sans le prévenir, et il a demandé le nom à l’accueil. C’est là que le médecin nous a appelés.
                           Elle s’était réveillée.

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Commentaires
C
Ton nouveau texte est sublissime, j'aimais beaucoup le premier et j'aime beaucoup ce second.<br /> Merci énormément, ton geste est magnifique.
C
Je t'aime EN TOUT CAS.<br /> (*oups*)
C
Je me demande si j'ai compris.<br /> Je t'aime anyway.
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