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Contretemps.
10 juillet 2007

J’ai tiré ma valise jusqu’à la porte d’entrée. Je

    J’ai tiré ma valise jusqu’à la porte d’entrée. Je l’ai embrassé pour la dernière fois. Il m’a regardée dans les yeux un instant. J’y ai vu de l’admiration, du doute voire de la crainte. Pas d’amour, non, c’est bien trop simple. J’ai claqué la porte derrière moi, et ma valise m’a emportée vers le bas en descendant les escaliers.
Dans le hall, je me suis arrêtée un instant, reprenant mon souffle. J’ai entendu courir derrière moi. J’ai tourné la tête juste à temps. Il m’a pris ma valise et m’a soufflé qu’il ne voulait pas me laisser partir comme ça. J’ai souri. J’ai hâlé un taxi. C’est en montant dans la voiture que j’ai remarqué qu’il n’avait même pas pris le temps d’enfiler d’autres chaussures. Je l’ai regardé, amoureusement. Il a rougi.
    Arrivés à la gare, il a été « gentleman », comme toujours. Il me tient la porte tout le temps, et la valise, handicapante, ne l’en a pas empêché. Il a quelque chose dans le regard qui vous fait comprendre que ce n’est pas un geste anodin adressé à n’importe qui. Il vous donne de l’importance, en quelque sorte.
Le quai est raisonnablement occupé. Nous avons pu marcher sans problème jusqu’à mon wagon. Là-bas, nous sommes montés tous les deux, pour déposer ma valise. Et nous sommes redescendus. L’heure approche et j’ignore comment le quitter. Il continue à me regarder de la même façon. Je me risque à un timide sourire. Il me prend la main, je l’attire à moi. Ses bras sont si réconfortants que je me maudis de devoir le quitter.
    Une voix nous informe du départ imminent. Je veux me dégager de lui au plus vite, pour abréger nos souffrances. Mais il me retient et les larmes sont de plus en plus dures à retenir. Il finit par accepter l’inévitable, et prend mon visage entre ses mains, tout prêt du sien.
Il me fixe de ses yeux infinis, enivrants. Je sais ce qu’il veut me dire. Mes paupières cèdent aux vagues de larmes. Les siennes luttent toujours. Je lui murmure une phrase dans un souffle lourd. « This is our farewell. »
    C’est là qu’il a craqué. Ses larmes coulaient à flots.
La voix nous a parlé à nouveau. Je dois partir, je n’ai pas le choix. Je lui lâche la main et m’enfuit dans le train. Je voudrais que le train parte très vite, que je ne voie plus son visage sur ce quai. Mais mon corps ne répond plus à ma raison, et je le regarde. Mes mains se plaquent sur la vitre, rageusement. Je ne veux pas te quitter, je ne le veux pas.
    Le train avance. Mais lui aussi. Il court comme dans les films, il nous suit. Il me suit. Mes larmes redoublent de force. Je le regarde dans les yeux et mes lèvres formulent trois petits mots sans son. Il s’arrête. Il met sa main sur sa bouche et m’envoie un dernier baiser, qui vole jusqu’à ma fenêtre.
    Je m’enfonce dans mon siège. Mes sanglots se font de plus en plus violents. J’observe le monde au dehors, si beau, si calme par ce beau jour de juin. Je colle ma tête à la fenêtre froide, qui m’aide à stopper physiquement mon chagrin.
    Je croise mes jambes. Mon sac tombe par terre et s’ouvre. Notre photo en est tombée. Je nous vois, là, dans ce train, blottis l’un contre l’autre, souriants, s’embrassant.
S’aimant, tout simplement. Et j’ai souri.

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